
On les allume les mains tremblantes pour les victimes et pour leurs proches, tout seul ou en famille, pour se réchauffer le coeur meurtri, pour se sécher la larme à l'oeil - qui coule, pour éclairer le cauchemar qui glace en attendant le jour, pour prier ou méditer la folie des hommes, pour faire danser leurs petites flammes fragiles, qui bougent comme elles peuvent... On les place les unes à côté des autres, on les rapproche les unes des autres. Alors, ces bougies insignifiantes transforment en âtre incandescente l'immense place qu'elles illuminent de mille feux. Ces dérisoires mèches éphémères, sensibles au moindre souffle d'air, composent dans la nuit tragique une couverture d'étoiles que le ciel nous envie, un brasier doux qu'on voit à l'autre bout du monde...
On la rejoint l'âme révoltée pour les victimes et pour les proches, tout seul ou en famille, pour témoigner la coeur noué, pour retrouver les autres - qui foulent, pour rallumer le lendemain qui vient en repassant la rue horrible, pour recouvrir de chants et de silences la haine en la lavant de bruits d'amours et d'amitiés, pour témoigner la vie de nos petites têtes fragiles, qui avancent comme elles peuvent... On se retrouve les uns à côté des autres, serrés comme jamais. Alors, nos personnes insignifiantes transforment en humanité triomphante l'immense rassemblement qu'elles illuminent de mille visages. Nos dérisoires vies éphémères, sensibles et menacées, composent dans le jour d'après l'horreur un humus que la terre nous envie, une volonté folle d'être ensemble qu'on voit à l'autre bout du monde...
Et certains osent dire que le mal a gagné ?
Patrick HERTER
21 Août 2017